Quoi de mieux que le mois d’Avril pour parler « Œufs ». Pas ceux en chocolats, ceux de la Ferme du PLO BELLEGARDE que KleZia a choisi d’utiliser.
Venez découvrir pourquoi, c’est Régis qui nous reçoit !
C’est après une 40aine de kilomètres et sous le soleil que j’arrive à la Ferme du PLO Bellegarde dans le Tarn.
Régis m’accueille dans sa maison de famille, autour d’un café et l’histoire commence…
Comment l’histoire a débuté ?
Dès mon enfance. Mes grands-parents ont vécu sur cette ferme très diversifiée ; des vaches, des cochons, des poulets, des légumes, des fruits et des céréales. Mon père a repris la suite en étant obligé de travailler à l’extérieur car la baisse des prix et la spécialisation des exploitations ne permettaient plus de vivre de cette seule activité. A partir de la fin des années 90, seules des céréales étaient produites sur l’exploitation.
Moi, j’ai toujours aidé en faisant un cursus agricole puis j’ai multiplié les expériences en tant que salarié dans différentes entreprises mais toujours dans le secteur agricole.
En 2006, mon père a pris la retraite et j’ai naturellement pris la suite en continuant à travailler à l’extérieur, l’exploitation comptait alors 11 hectares.
En 2010, j’ai eu l’opportunité inespérée de louer 30 hectares de plus, ce qui a permis d’investir en vu de pérenniser l’exploitation. A ce jour, je cultive 80 hectares et suis entièrement entrepreneur depuis 3 ans.
Autant d’hectares pour des poules ?
Non, je produis actuellement du blé tendre, du pois chiche, du lin brun, des cultures destinées à l’alimentation humaine. Je me suis lancé dans l’ail, l’oignon, l’échalotte, la pomme de terre ; des produits que les maraichers font peu car ils demandent de l’espace.
Une partie des cultures est destinée à l’alimentation des poules : triticales, pois fourrager, sorgho.
L’aventure poule a vu le jour en 2012 grâce a ma femme, Sandrine qui a commencé à vendre quelques œufs à des amies. Nous pouvons facilement les nourrir avec nos récoltes. Cette production a marqué le début de la diversification. Nous avons aussi quelques cochons noirs gascons que nous élevons. Ils enrichissent nos cultures avec leur fumier et aussi nos assiettes.
On reprend, en quelque sorte et de façon plus actuelle, le travail des mes grands-parents.
La ferme est certifiée BIO. Pourquoi ?
Elle a été certifiée en 2010. Après mes nombreuses expériences dans le domaine agricole, cela semblait évident. D’un point de vu santé, j’ai personnellement senti des effets sur ma santé suite à des pulvérisations. Facile de faire le rapprochement. Puis la règlementation phytosanitaire s’est renforcée. On payait des produits plus chers pour une efficacité inférieure. Il était temps de reprendre notre liberté !
Un élevage poules BIO, ça ressemble à quoi ?
On a débuté avec 80 poules de réforme et ce 1er poulailler.
Ici pas de coq, on achète nos poules prêtes à pondre chez un éleveur de la région. Ce sont des Lhomann Brown, une race réputée comme bonne pondeuse. On suit le cahier des charges BIO. Nous sommes certifiés par VERITAS. Nous avons deux bâtiments. Le 1er créé et conservé en l’état, de 80 poules et un autre de 220 poules. Elles ont accès à un parcours herbeux. Donc en hiver, on leur ajoute de la lumière artificielle mais avec 8 h de nuit minimum pour le repos.
Il semblerait qu’elles dorment plus que les pâtissiers 😉
Et la ponte ?
La ponte est d’environ 60% actuellement. On peut compter sur 90% la 1ère année.
Ce qui signifie que même une poule pondeuse ne pond pas son œuf tous les jours ! Les poules sont sensibles à la lumières sauf quand elles sont jeunes.
En automne, l’activité des sols et des insectes diminue, donc fatalement la ponte aussi. Elle reprend significativement au printemps. C’est pourquoi, on maintient un peu de lumière pour conserver une ponte moyenne. On produit environ 50.000 œufs/an. Bien sûr rien de comparable avec les élevages intensifs bio qui peuvent compter jusqu’à 3.000 poules par bâtiment, soit 800.000 œufs par an.
Que dire à propos de la qualité de vos œufs BIO fermiers ?
La qualité finale dépend de l’alimentation. On les nourrit avec un mélange finement broyé. Plus c’est fin, mieux il est assimilé.
C’est Régis qui fait le mélange (triticale, pois fourragés, sorgho) et c’est cette machine qui le broie.
Bien sûr, le fait de laisser les bêtes en plein air avec un parcours herbeux enrichi les œufs en omégas-3, vitamines et oligo-éléments. On fait d’ailleurs une rotation des sols pour laisser l’herbe reprendre sa place. Une poule ça picore et ça gratte, alors 220 poules !
Des maladies ?
Non, pas à ce jour. Nous avons plutôt des accidents de ponte, des coquilles trop molles qui restent coincées… Pas très chouette et issue fatale. C’est pourquoi, en plus de la productivité qui diminue, on pense garder nos poules 1 an au lieu de 2–3 ans comme on le fait actuellement.
Que deviennent les poules après leur temps à la ferme ?
Nous les proposons sur des sites locaux pour leur donner une seconde vie. Pas de nugget ou pâté pour chiens avec elles ! Une poule peut pondre six ans…
Si vous êtes intéressés pour récupérer des poulettes, n’hésitez pas à vous positionner, ils vous rajouteront sur leur carnet de contact ! regis.paulin@orange.fr
Comment s’organise votre travail ?
A la base c’est mon entreprise. Sandrine me donne un coup de main dans l’aspect logistique et commercialisation. Le reste c’est moi ! Il n’y a pas de jour type. On s’adapte au temps et à la saison. Pour les poules on lève les œufs 1x/jour. Ensuite on les stocke avant de les marquer, de les conditionner, et de les vendre en direct. La production et la commercialisation des œufs sont très réglementées. Chaque œuf qui sort de l’exploitation est tamponné, ce marquage permet de tracer l’œuf en cas de problème, le tampon donne toutes les indications nécessaires à la traçabilité.
Pays d’élevage, numéro du producteur et même le bâtiment. Le premier numéro désigne le mode d’élevage 0=bio 1= plein air 2= hors sol 3= cage
Pour ce qui est de la vente aux professionnels (ou vente indirecte), nous sommes obligés d’aller dans un centre de conditionnement pour obtenir une étiquette avec toutes les informations. C’est une précaution particulière qui est demandée.
Donc si je résume : céréalier, éleveur, producteur, commerçant, sans oublier la gestion, les réparations mécaniques du matériel agricole… Polyvalence ! Encore un bel exemple d’indépendance paysanne, n’est-ce pas ?
Des projets ?
Oui, les poules représentent actuellement 20% de notre chiffre d’affaire. On ne souhaite pas en faire une activité majoritaire pour le bien-être de tous mais on compte tout de même agrandir le deuxième bâtiment des poules pour égaler le 1er soit pouvoir y mettre 220 poules environ. On pense aussi à créer un centre de conditionnement chez nous pour pouvoir développer la vente aux professionnels en toute autonomie.
Avec qui travaillez-vous ?
Nous travaillons avec des coopératives pour certains produits céréaliers, mais promouvons les circuits-court. Nous servons plusieurs AMAP, La Ruche qui dit Oui, deux magasins de producteurs certains éleveurs, et depuis peu à KléZia… C’est cette diversité de clients qui valorise notre travail et qui fait que notre exploitation est rentable.
Et en plus, ils ne mettent pas tous leurs œufs dans le même panier ! Il fallait que je la fasse ^^
Où trouver leurs produits ?
Retrouvez-les :
*sur le réseau « La Ruche qui dit oui ! » de Lavalette le jeudi, de Flourens le mardi.
*aux AMAP de Balma, Castres et Verfeil (L’Amapapille , Les œufs du plo, Amap de la fille Pomié)
*au magasin de producteur : Choisir al païs à Puygouzon
*chez Au plus court chemin à Albi
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Vous ne les avez pas encore vues, mais chez KléZia on a aussi des poulettes à la retraite qui ne pondent plus du tout et coulent des jours heureux avec les déchets verts de la pâtisserie. Alors, on attend avec impatience les “réformées” du Plo, pour profiter des bénéfices indiscutables des oeufs santé & maison ! C’est tout de même un sacré plus de savoir que ces poulettes poursuivent leurs vies chez des particuliers, non ? Longue vie à cette ferme, petite mais bien pensée et pleine de ressources !