Dans la première partie, nous avons vu que les modes de production éthiques reposaient plus sur les éleveurs eux-mêmes que sur les normes.
Désormais, découvrons le lait et ses dérivés sous toutes ses formes.
Comme dans de nombreux produits dits de consommation courante, le nom « lait de vache» s’est vulgarisé au profit de LAIT. Idem pour la Farine de blé ou les œufs de poule. C’est dire s’ils font partie intégrante de notre mode alimentaire. A l’inverse, on précisera l’origine si elle est autre : lait de chèvre, œuf de caille, farine de sarrasin etc…
DIFFERENTS TYPES DE LAIT
A l’origine le lait cru…
Ce lait est obtenu juste après la traite et réfrigéré à 4°C, à la ferme. On peut s’en procurer en directement chez le producteur, sur des marchés, via des distributeurs automatiques de lait cru, dans certains magasins de producteurs ou encore via des grandes surfaces. Ce lait cru entier se repère à son bouchon ou son étiquette jaune.
Jaune = Lait CRU
Il n’est pas standardisé en matière grasse, il n’a donc pas obligatoirement le même taux de lipides. Le goût du lait est capté par la matière grasse. Plus il y en a, plus il aura de goût. C’est le même principe lorsque vous laissez du beurre à côté d’une gousse d’ail (aïe), ou encore un œuf avec des truffes fraîches. Toute la saveur du lait sera conditionnée entre autres par la race de la vache, son alimentation, l’ambiance de la traite, les saisons et aussi le traitement reçu par le lait ; dans ce cas aucun.
Ces atouts nutritionnels sont intéressants. On retrouve une teneur en vitamines liposolubles A, D et E (contenues dans la matière grasse du lait), mais aussi les vitamines hydrosolubles B1, B2, B12, C, PP avec une source de minéraux non négligeable notamment en Calcium. Il est riche en ferments lactiques bons pour la flore bactérienne intestinale. Côté macronutriments, le lait est réputé pour sa teneur en protéine.
Son inconvénient ? Sa courte durée de vie de 3 jours. Sa date limite de consommation passe à 7 jours une fois pasteurisé. Même s’il peut être bu tel quel, il est vivement conseillé de faire chauffer ce lait pour les femmes enceintes et les enfants ; une façon sûre et facile de protéger les organismes fragiles des mauvaises bactéries. Le lait pasteurisé perd cependant une partie de ses ferments lactiques. Une solution, la pasteurisation douce ou la pasteurisation au bain-marie, encore appelée la Thermisation. Contrairement à la pasteurisation classique, cette méthode détruit les bactéries pathogènes tout en préservant les bactéries lactiques intéressantes.
Les autres types de laits
Entier, demi-écrémé, écrémé…
On les reconnait dans les rayons, eux-aussi, grâce à leur code couleur. Jaune pour le lait cru, rouge pour le lait entier, bleu pour le lait demi-écrémé et vert pour l’écrémé.
Leur différence est leur teneur en matière grasse. Ces laits issus de l’industrie sont standardisés c’est-à-dire que leur taux de matière grasse (MG) doit répondre à une norme et par conséquent, leur valeur énergétique (kcal) aussi.
Valeurs pour 100 gr | MG | kcal |
Entier | 3.6 % | 64 |
Demi-écrémé | 1.8 % | 45 |
Ecrémé | 0.3 % | 33 |
Suite à ce qui est écrit plus haut, vous comprenez que plus le lait est vidé de sa matière grasse, moins il contient de vitamines A, D et E, plus il perd de son intérêt nutritionnel et moins il risque de nous laisser des moustaches.
@Got Milk ?
Ces laits peuvent cependant être améliorés de vitamines de synthèse après traitement. Leur efficacité n’est semble-t-il pas prouvée…
Ces laits standardisés font l’objet de traitements thermiques pour assurer une meilleure conservation. L’inconvénient c’est que sous l’effet de la chaleur, le lait perd de sa saveur, de ses atouts nutritionnels ; les vitamines et ferments lactiques bénéfiques à notre flore intestinale ne résistent pas aux fortes températures, tout comme les protéines qui voient leur structure modifiée.
Appellation |
Procédé |
Conservation |
Saveur |
Conditionnement |
(Flash-)
Pasteurisation |
Chauffe rapide 85°C suivie d’un refroidissement rapide à 4°C | 7 jours | .Goût standard
.Conserve sa valeur nutritive .Perte de la majorité des ferments lactiques. |
En bouteille au rayon frais |
Stérilisation | 20 minutes à 115°C | 5 mois | .Goût modifié
.Perte de sa valeur nutritive .Perte des ferments lactiques. |
En brique/bouteille à température ambiante dans les rayons |
UHT | 3 secondes à 150°C suivi d’un refroidissement brutal | 3 mois | .Goût standard
.Perte de sa valeur nutritive .Perte des ferments lactiques. |
En brique/bouteille à température ambiante dans les rayons |
Et avec tout ça, ils subissent encore une « homogénéisation ». Il s’agit d’un traitement physique du lait qui par pression fait éclater toutes les molécules grasses. Ainsi, lorsqu’on chauffe le lait, nous n’avons pas cette pellicule de crème qui flotte à la surface de notre bol de lait. Magique !!! Nous pourrions pourtant doser notre teneur en matière grasse ou encore obtenir de la crème fraiche ! L’industrie n’a fait que répondre à notre demande (semblerait-il), tout comme le pain de mie sans « croûte ». Réel besoin ou aberration ?
@tomes des bauges
Cette explosion n’est pas sans conséquence, les molécules grasses ainsi micronisées passent plus facilement la muqueuse intestinale pour se retrouver dans le sang sans avoir été digérées, le tout pouvant mener à des inflammations, allergies… Cette opération est aussi acceptée par la filière biologique.
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Petit aparté pour vous parler du lait en poudre. Ce lait subit une dessiccation, c’est-à-dire qu’on lui retire 97% de son eau, via un procédé de pulvérisation ou en élevant sa température à plus de 140°C. Le verdict est le même. Ce qui a des chances de vous surprendre, c’est que ce lait en poudre que vous ne consommez que très peu voire pas du tout, représente la majorité de la production. Comment ? Comme vous l’avez vu dans le chapitre précédant, cet aliment sert beaucoup dans l’alimentation des jeunes animaux, mais aussi dans l’alimentation industrielle sous forme « cachée ». Après les graisses cachées, le lait caché. Nous en consommons malgré nous dans certaines charcuteries, quiches industrielles, chocolat au lait ou encore chocolat blanc (même ceux des grands chocolatiers) pour ne citer qu’eux. Vous le repèrerez à ces appellations sur étiquettes : lait et poudre, caséine, casernâtes, lactoglobine, lactalbumine, lactosérum…
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Bref, après toutes ces transformations, il ne s’agit plus de lait de vache aussi bio soit-il, mais peut-être juste de lait, effectivement…
LAIT CRU > STANDARDISATION > HOMOGENEISATION > TRAITEMENT THERMIQUE
Y a-t-il encore un intérêt à consommer ce genre de produits que l’on pensait bons pour notre santé, si ce n’est pour s’octroyer un petit plaisir BIO Fermier de temps à autre ?
Comme nous le verrons dans un prochain article sur les lipides, ce n’est pas de ces Acides Gras naturels qu’il faut se méfier, mais plutôt des sources transformées (margarines, produits allégés…) et ayant été exposées à de très hautes températures, le tout pour prolonger leur durée de vie sur les étals des magasins ou dans notre frigo.
Méfions-nous des prouesses technologiques censées nous faciliter la vie. Préférons les produits bio, le plus possible naturels, avec un minimum de transformation.
DERIVES DU LAIT
Crème beurre yaourts fromages…
Tout produit laitier a pour origine le lait. C’est grâce à lui qu’on obtient de la crème, des yaourts, du beurre, du fromage etc…
LES YAOURTS
-Yaourt Nature : C’est en ajoutant 2 ferments lactiques (lactobacillus bulgaricus qui apporte l’acidité et streptococcus thermophilus qui développe les arômes) et sous l’effet de la chaleur douce que le lait se transforme en yaourt. Ces ferments « vivants » digèrent le sucre du lait rendant le produit moins sucré et favorisant la digestion.
Les yaourts sont majoritairement réalisés à base de lait demi-écrémé pasteurisé. C’est en chauffant le lait qu’on active les ferments. Pour les personnes sensibles, sachez que le lactose du lait (molécule en cause), se transforme sous l’effet des ferments permettant une meilleure tolérance du yaourt que du lait lui-même. Souvent et même en Bio, le lait liquide est additionné de lait en poudre afin de compenser le manque de consistance de certains laits. Généralement, les yaourts fermiers à base de lait entier, n’en ont pas besoin. Tout dépend, encore, de sa qualité initiale, encore…
-Le Yaourt brassé, plus liquide et plus acide suit le même process à la différence qu’il n’est ensemencé que par le lactobacillus bulgaricus.
-Le Yaourt à la Grecque est plus épais car réalisé à base de crème plutôt que de lait. Tout comme la crème épaisse, on ne peut réaliser de vrais yaourts avec de la crème stérilisée.
LES FROMAGES
Il existe à ce jour 8 familles de fromages :
- Les fromages Blancs & Frais
Les fromages blancs du type faisselle sont plus riches en eau ; quant aux fromages frais il s’agit des petits suisses ou fromages non affinés frais.
-Les pâtes molles : camembert, brie, maroilles, mont d’or…
-Les pâtes pressées : gruyère, cantal, reblochon…
-Les chèvres
-Les fromages fondus : à tartiner, aux fines herbes, cubes apéros …
Concernant le process d’obtention d’un fromage, une image vaut mieux que des mots…
Intervient ensuite la qualification « pasteurisé », « au lait cru ». Les fromages bénéficiant de la qualification « pasteurisé » type fromage pour enfants, à tartiner, vous donneront envie d’en manger et d’en manger encore contrairement a un fromage fermier « au lait cru », riche en ferments lactiques qui aura un effet rassasiant (et du caractère).
CREME
Après « séparation », on obtient de la crème liquide à 35% de matière grasse environ. Il s’agit de la crème crue. Soit on la trouve telle quelle (crue), soit on la pasteurise pour obtenir la crème liquide dite fleurette, soit on la stérilise et on perd encore une fois de nombreuses vertus. Pour les crèmes allégées (moins de 35% de matière grasse), il faudra vous aider de gélifiants, et/ou d’épaississants afin de réussir votre chantilly. Retournez vos sachets de Chanti*** pour voir.
La crème épaisse s’obtient en rajoutant des ferments lactiques. Elle devient plus acide et plus épaisse. Elle ne peut s’obtenir avec de la crème stérilisée qui a perdu toute source de vie pouvant interagir avec les ferments. Si vous en trouvez c’est qu’elle contient des additifs.
BEURRE
Prenez une crème liquide entière, montez-la telle une chantilly (sans sucre) et continuez jusqu’à obtenir d’un côté le petit lait et de l’autre la matière grasse agglomérée soit le beurre ! C’est ce qu’on appelle le barattage. Le beurre est en quelque sorte le concentré de matière grasse du lait soit 82%. Certes, le beurre est gras mais il contient surtout de la matière grasse constituée de 30 % d’acides gras monoinsaturés, les mêmes que dans l’huile d’olive, réputée bonne pour notre forme ! En plus, le beurre est riche en vitamine A, un nutriment essentiel pour la santé des yeux et de la peau. Bien sûr ces affirmations ne valent qu’en fonction de la qualité du lait initialement utilisé.
-Le Beurre cru est obtenu à partir de crème crue non pasteurisée. Il contient toutes les vitamines liposolubles (A, D, E) et 82% de matière grasse. Le caractère d’un beurre cru fermier peut évoluer en fonction des saisons, de l’alimentation des vaches, de l’environnent de la traite etc… Il aura une couleur jaune plus prononcée en été car la vache va se nourrir d’herbe fraîche. C’est un produit vivant qui développera un goût inimitable et non standardisé. Utilisons-le tel quel ou juste fondu sur un aliment chaud. Il est alors le plus digeste de tous les corps gras, grâce à son pouvoir d’émulsion élevé dans le tube digestif.
-Le Beurre fin et extra-fin sont obtenus à partir de crème pasteurisée. Ils contiennent 82% de matière grasse.
-Le Beurre allégé et léger sont obtenus à partir de crème allégée et pasteurisée à forte teneur en eau. Il peut être accompagné d’additifs afin de leur assurer une certaine consistance. Le beurre allégé contient 60 à 65% de matière grasse, alors que le beurre léger en contient de 39 à 41%.
LA CREME GLACEE
La crème glacée se réalise à partir de crème liquide entière mais aussi de poudre de lait qui la rend plus onctueuse et souple. Cet été, préférez les sorbets à base de fruits et d’eau plutôt que les crèmes glacées aussi grasses que sucrées, ou alors les vraies artisanales de confiance comme celles de La ptite ferme de Nico 😉
MEMO
-Le lait cru est un lait vivant
-Privilégions les laits crus et entier « thermisés » sources de BON gras et aux vertus nutritionnelles intéressantes.
-Préférons les purs produits dérivés à base de lait CRU et entier.
-Evitons les produits laitiers allégés (écrémé, demi-écrémé…) & longue conservation
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Vous souhaitez connaitre les producteurs de produits laitiers BIO et éthiques de la région ? Voici quelques adresses :
LA PTITE FERME (82300 Caussade)
Pour un petit plaisir de haute qualité découvrez les produits laitiers issus de l’élevage de vaches laitières de Nicolas. Lait cru, crème fraiche, crème fleurette, flan, riz au lait, yaourts, crème anglaise, et même crèmes glacées le tout 100% Bio & 100% local ! Il communique en toute transparence sur son élevage. Retrouvez plus d’informations sur son site : https://www.laptiteferme.fr/
Vous le trouverez notamment chez Biocoop, Ferme Attitude à Toulouse ou encore le dimanche matin sur le marché de l’Union.
LA FERME DU TUQUEL (82110 Gazes-Mondenard)
N’hésitez pas à découvrir leurs produits issus de lait de chèvre, cette fois-ci : fromages, faisselles… Un petit élevage respectueux de qualité qui se retrouve dans leurs produits, notamment leurs yaourts au lait cru non homogénéisé et sans poudre de lait ! Retrouvez-les en saison le jeudi à la Ruche qui dit Oui ! de Lavalette ou encore le samedi matin au marché Bio du Capitole à Toulouse. Un article leur est consacré.
EARL DE CAZES-HAUT (81220 Teyssode)
Après la Vache, la Chèvre, voici la Brebis ! Laurent et Patricia proposent toutes sortes de fromages : tomme, lactiques… Leurs 400 brebis de Lacaune bénéficient d’un cadre et d’une alimentation de choix entre vertes pâtures orge et foin. Le lait est transféré en fromagerie après la traite du matin. Tout est fait à la main selon les traditions des montagnards qu’ils ont côtoyés. Retrouvez leurs produits le jeudi à la Ruche qui dit Oui de Lavalette, le mardi à celle de Flourens, le mercredi et samedi matin au marché de Lavaur, et le jeudi après-midi à Castres au marché Noctambio.