Cette fois-ci, c’est Patricia qui nous ouvre les portes de son exploitation végétale.
Bienvenue chez Caméline, une Ferme Laboratoire…
C’est après une quarantaine de kilomètres, non loin de Carbonne que j’ai atterri à Latrape (31) où calme et nature prédominent.
A peine arrivée, je suis chaleureusement accueillie par Patricia et son chien de berger Enebé.
Comment l’histoire a débuté ?
Initialement j’occupais un poste de Dr en génétique moléculaire des plantes à l’université de Genève. J’ai décidé un retour aux sources. C’est ainsi que j’ai créé Caméline, une entreprise qui associe sur un même lieu, un jardin de plantes médicinales et à parfum, et un atelier cosmétique. Mon ami et moi-même nous sommes installés en 2009 sur ce terrain de 5 hectares, où je développe depuis 6 ans des produits cosmétiques mais aussi des tisanes à partir de mes cultures certifiées AB et sous mention Nature & Progrès.
Quel a été le déclencheur ?
Face à l’urgence écologique et sociale, j’ai pris conscience que je ne pouvais pas continuer ma vie de chercheure, qu’il fallait un changement drastique de mode de vie. C’est ainsi que j’ai souhaité une vie plus authentique, en optant pour une activité centrée sur les ressources locales, économe en énergie et plus riche en relations humaines.
Aujourd’hui quelles valeurs défendez-vous et comment ?
Les ressources et l’énergie sont limitées et à partager entre tous les êtres humains. Nous, habitants des pays « riches », avons pour la plupart un mode de vie qui dépasse largement les capacités de la planète. Pour limiter l’exploitation des êtres humains, je pense qu’il faut adopter un mode de vie plus frugal, et nous affranchir des grandes multinationales qui ont un pouvoir de nuisance énorme.
C’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de travailler avec la charte Nature & Progrès, qui considère l’ensemble de l’activité professionnelle : le respect d’un cahier des charges strict, mais aussi les aspects énergie, social, ressources, et naturel de l’activité. La garantie de la qualité des produits commercialisés, ainsi que la révision des cahiers des charges, sont assurées par un groupe de professionnels et de consommateurs, indépendamment des organismes de certification bio, qui suivent des décisions européennes où les consommateurs et producteurs n’ont pas vraiment la possibilité d’intervenir.
On peut dire que je travaille selon le process de permaculture.
Concrètement, nous avons une réflexion permanente pour économiser l’énergie, l’eau, pour éviter les déchets, pour réutiliser, recycler. Nous avons 3 vaches et un taureau pour avoir du compost et fertiliser le sol. Le sol est toujours couvert avec des broyats de la ferme, les plantes sont arrosées à l’eau de pluie. L’énergie provient de panneaux solaires et de bois, l’électricité est fournie par la coopérative Enercoop qui fournit de l’électricité d’origine renouvelable.
C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Juliette, Bérénis, Géraldine et Pompon.
Loin d’internet et du chant des voitures, nous nous sommes assises, dans l’herbe, quelques minutes, le temps de prendre le temps… Merci Bérénis pour la photo 😉
Concrètement que produisez-vous ?
Je cultive plusieurs types de plantes médicinales et aromatiques : la lavande, le calendula, la consoude, la mauve, l’origan, le sureau, la verveine, plusieurs variétés de rose et de menthe, l’achillée, la mélisse, le cassissier, le romarin, la bardane, le bleuet, le millepertuis, la sauge.
Toutes ces plantes sont soit séchées sur des claies pour confectionner des infusions, soit distillées à la vapeur d’eau ou extraites dans l’huile pour réaliser les produits cosmétiques.
Ciseaux, poche kraft et mains propres, j’en ai profité pour récolter une belle poignée de mélisse fraîche pour mes prochains essais…
Et oui, qui a dit qu’épices et aromatiques viennent forcément de terres lointaines ? On aurait tendance à oublier que nos jardins n’ont rien à leur envier.
Comment s’organise votre travail ?
Aucun jour ne se ressemble, je m’adapte à la météo comme beaucoup d’autres producteurs.
Dans les champs, surtout au printemps, à l’été et à l’automne, je travaille la terre, je désherbe, je taille, on fait les foins, on broie, je sème, j’arrose, je paille, on donne à boire aux vaches, on les change de parc etc…
Je cueille au printemps et à l’automne ; les deux saisons de production, et je transforme de suite.
C’est l’hiver que les vaches demandent le plus de soins car elles restent à l’étable la plupart du temps: donner le foin, donner à boire, enlever les bouses et changer leur litière 2 fois par jour (oui, elles sont coquettes ! )
Le reste du temps s’organise entre la fabrication des produits cosmétiques, la réalisation des dossiers cosmétiques, la comptabilité, les marchés, les foires, l’accueil des clients, les livraisons, les tâches administratives, etc… Promis juré, je ne m’ennuie pas !
> C’est à quelques pas de là que nous entrons dans le Laboratoire Cosmétique…
C’est ici que je transforme mes plantes en extraits aromatiques, macéras huileux, eaux florales. L’alambic me permet de réaliser des hydrolats : eau de rose, eau de menthe glaciale, eau de romarin, eau de verveine… Excellentes pour la peau, mais aussi pour les papilles.
Mes crèmes, huiles, lotions et baumes sont donc composés d’extraits, macéras, eaux distillées réalisés par mes soins. Les autres matières premières, que je ne peux produire, sont locales comme la cire d’abeille ou encore l’huile de tournesol et l’huile de caméline. L’une des particularités des produits cosmétiques est qu’ils ne sont composés que de matières premières locales et paysannes.
Voici un petit aperçu de sa gamme cosmétique :
> Un peu plus haut, Patricia s’est confectionnée un séchoir pour déshydrater les plantes tisanières à l’abri de la lumière et de l’humidité. J’ai trouvé ma pièce aux trésors !!!
Certaines plantes sont séchées pour être utilisées en infusions. Je réalise plusieurs mélanges : Légère pour les jambes lourdes et la digestion, Bonne Nuit pour faciliter l’endormissement, Renouveau pour nettoyer le corps, Pause gourmande pour le plaisir, Hiver fleuri contre les refroidissements, Fraîcheur d’été, etc…
Chez qui peut-on retrouver vos produits ?
La Chouette Coop (Toulouse), Ceci&Cela (Toulouse), Le cœur d’artichaut (St Clar de Rivière), Biocoop (L’Isle Jourdain, Muret), Le Marjolaine (Saint Lys), Label vie locale (Carbonne)… La suite sur son site ici !
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Voilà une visite multi-sensorielle et colorée qui je l’espère a mis vos sens et votre curiosité en éveil. Une productrice qui a tout mis en oeuvre pour réaliser son rêve et que je suis fière de mettre à l’honneur sur le blog. J’espère que vous saurez apprécier son travail notamment au travers des mini-madeleines à la verveine KléZia.