C’est avec un plaisir non dissimulé que je vous amène voir Eric, LE producteur d’amandes biologiques KléZia, situé dans le dans le Tarn et Garonne.
Il me reçoit dans sa cuisine autour d’un petit café.
Comment l’histoire a débuté ?
J’ai grandit dans le Loiret, puis j’ai habité en Charentes entre 23 et 35 ans … Je crois que c’est mon papa qui m’a donné le goût de la terre. J’ai su très tôt quelle était ma voie .
J’ai passé un BAC D’ Agricole, puis un premier BTS agricole grande culture puis un second en viticulture oenolgie.
J’ai démarré comme objecteur de conscience dans une association de producteurs bio , puis réalisé pas mal de stages à l’étranger (Portugal, Italie, Suisse…) pour cumuler les expériences avec pour idée finale de m’installer.
Mon rêve ? Une petite famille habitant dans une ferme et entourée de champs.
Je suis aujourd’hui marié et papa de trois petites filles. Marielle et moi, nous sommes installés ici en 2007 sur 27 hectares de terre en conventionnel (maïs semence, blé, tournesol). J’ai de suite entamé la démarche de conversion Biologique avec la volonté de mettre en pratique l’agroforesterie, découverte avec un ami proche (Yvan Besson) qui faisait une thèse sur les fondements de l’agrciulture biologique (seule étude sérieuse sur l’histoire de la bio!) et qui m’a presque forcé à mettre en pratique l’agroforesterie. Pour lui, il était évident que l’agriculture devrait se réinspirer des systèmes forestiers, mais il fait partie de ces gens trop précurseurs incompris par son entourage. Cela m’a beaucoup intéressé car son travail alliait la raison et la justesse scientifique en balayant toute formes d’ésotérisme.
L’agroforesterie associe des arbres et des cultures ou de l’élevage. L’association arbres et agricultures présente des avantages considérables notamment dans le domaine de la protection des sols. Les feuilles des arbres tombent au sol en automne, permettant d’enrichir la terre en matières organiques (carbone) afin d’obtenir le fameux humus, l’or noir de la terre. Comme en forêt !
Il y a énormément d’atouts étudiés par l’INRA qui a notamment montré qu’un système agroforestier est plus productif en masse végétale qu’un système séparant les espèces. Il y a diverses raisons qui peuvent s’étudier au domaine des Restincliéres (allez voir les nombreux articles sur Internet!!)
C’est le moment d’aller voir ça ! Et hop un petit tour de tracteur et de vertes prairies 😉
Pourquoi les amandiers en particulier ?
J’ai démarré avec des arbres faciles à entretenir et mécanisables comme des noyers et des amandiers. Les noyers ne se sont pas plu sur nos terres Limono sableuses « boulbène ». Je n’ai donc conservé que les amandiers. Il m’a fallu entre 7 et 8 ans pour obtenir une récolte correcte.
Je cultive plusieurs variétés très courantes en France (ferrastar, mandaline et lauranne, ferragniès, ferraduel..) sur 3 hectares en demi-densité. Je repique moi-même mes arbres aujourd’hui afin d’augmenter la production.
Pourquoi cette culture biologique est si rare en France d’autant plus en Occitanie, alors que votre exploitation semble se plaire ? Même les magasins biologiques proposent des amandes d’Espagne, de Californie..
Cette culture est peu connue et surtout très peu encouragée techniquement.
Je pense d’abord à la compétitivité économique. Le prix n’a rien à voir. Ces régions profitent d’un fort ensoleillement. Les espagnols subventionnent à fond des grosses propriétés intensives en amandes.
Economie d’échelles : Voilà déjà la réponse à tous ceux qui trouvent les boissons végétales et autre produit KléZia « chers ». Sans compter la transformation maison qui n’a rien de comparable avec une brique conditionnée on ne sait où, par on ne sait qui avec on ne sait trop quoi dedans.
Quant au goût, pour ceux qui ont déjà pu croquer dans une amande de chez Eric lors des ateliers KléZia ou encore se délecter du « lait » d’amande; l’onctuosité et le goût d’amande fraîche explosent en bouche. C’est un peu comme comparer le petit pois frais et le petit pois de la cantine 😉
Que dire à propos de l’amande ?
C’est un produit saisonnier mais qui se conserve. La floraison a lieu début mars.
Et j’ai eu la chance d’assister à ce beau spectacle fleuri mais aussi de déguster une fleur d’amande.
Wahoo, quelle délicatesse… Un goût d’amande fraîche très subtil. Et quel privilège ! Gouter des fleurs d’amande bio et locales. Vous m’en direz tant^^
Les abeilles aussi s’en donnent à cœur joie avec leur ruche disposées aux pieds des arbres 😉
Mais pourquoi avoir installé des ruches aux pieds des amandiers Eric ?
Parce que les amandes fleurissent à une pèriode où il pleut souvent et il ne faut pas que les abeilles perdent du temps dans des trajets car parfois elles ont juste une demi-heure par jour pour aller butiner.
La récolte des fruits démarre fin aout, début septembre lorsque la bogue laisse apparaitre la coque.
Combien est ce que vous récoltez d’amandes à ce jour/an ?
6 tonnes d’amandes coques
C’est là que la mécanisation est importante !
Ca, c’est une collerette que l’ont met tout autour de l’arbre, comme pour l’olive par exemple. Par ses vibrations, les fruits vont tomber et être récupérés.
Ensuite on passe à la décortiqueuse qui va enlever la bogue.
Jusque là je les vendais comme tel. Les amandons c’est tout récent ! J’ai enfin trouvé une personne qui a la décortiqueuse adaptée sur Rivesaltes.
J’atteste, c’est tellement mieux que le casse-noix. Quel gain de temps !!
A vos laits, prêts, partez !
Vos autres produits quels sont-ils ?
Aujourd’hui j’exploite 76 hectares répartis sur plusieurs parcelles. Je cultive donc des amandes, mais aussi du raisin de tables/muscat, et des grandes cultures : soja, lentilles vertes, haricots blancs, tournesol oléique, colza, sarrasin, petit épeautre, blés modernes et anciens, pomme de terre…
Certains sont transformés. Je produits de l’huile de colza et de tournesol, de la farine de blé et de sarrasin, et du jus de raisin.
Ca en fait des machines, hein ?
Avec qui travaillez-vous ?
Je vends certains de mes produits à un groupement de producteurs et certains professionnels comme des boulangers comme Patapain mais aussi une pâtissière 😉
Pour le reste, ma production peut être retrouvée dans des magasins bio. Biocoop L’Union, Grandeur Nature, Portet, Muret, La Ramée, Purpan. Vous pourrez notamment trouver les amandes coques dans les magasins ci dessus. Pour les amandons, en attendant d’avoir une production plus importante, KléZia peut vous servir d’intermédiaire.
Au risque de me répéter, voilà un nouvel exemple d’indépendance paysanne… Des gens qui ont le sens de l’effort et du travail bien fait. Des gens qui aiment leur terre, leurs produits, et qui savent vous en parler.
Vous comprenez pourquoi il est préférable d’encourager ce genre de production individuelle plutôt que des productions industrielles et/ou étrangères ?
Et si désormais vous disiez stop à la raw food, aux faux-mages ou autre cuisine végétale à base de noix de cajou, ou autre oléagineux ayant parcourus bien trop de kilomètres ?
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Finalement les 1h d’entrevue prévues ont duré toute l’après-midi… c’est ça de parler entre passionnés…
Et moi je suis repartie avec une bouteille de Bulles de Raisin (sans alcool). A la vôtre !